Volvo lance sa voiture électrique connectée sous la marque
Lynk & CO
Le rachat de Volvo Cars par Geely porte ses premiers fruits.
En lançant sa marque Lynk & Co, le constructeur chinois s'appuie sur
le savoir-faire du Suédois pour façonner ses voitures électriques et
connectées.
Lynk & Co, marque du groupe Geely, entend révolutionner
l'automobile avec son SUV connecté.
LYNN & CO
Les Volvo sont-elles suédoises ou bien chinoises ? Depuis le
rachat par Geely, la question se pose. Dans le cas des modèles estampillés
Volvo, la réponse ne fait pourtant aucun doute. Malgré les capitaux
chinois qui ont permis le développement d'une gamme inédite, les XC90, S90 et
V90 sont toujours conçues et fabriquées en Suède, par des Suédois. A l'image de
l'indien Tata pour Jaguar-Land Rover, libéré de la tutelle de Ford presque en
même temps que Volvo, les Chinois se sont bien gardés de briser le savoir-faire
qui émanait des bureaux d'ingénierie européens.
En effet, Volvo est un véritable vivier d'idées pour
Geely. La renommée du constructeur suédois sur les aides à la conduite et
la sécurité n'est plus à prouver. Si les transferts de technologie n'ont pas
encore été déployés, les modèles vendus en Chine ont déjà vu leur qualité
clairement progresser. Et les derniers modèles que sont les Geely Emgrand GS et
GL seront parmi les ultimes à reposer sur la plateforme FE conçue en Chine.
Bientôt, une seule architecture dénommée CMA servira de base aux modèles
compacts, que ce soit sur les chaînes chinoises ou suédoises.
Le lancement de la marque Lynk & Co constitue le
véritable premier pas concernant le transfert de technologie entre
Volvo et son propriétaire chinois. Dévoilée en grande pompe lors d'un
événement à Berlin, cette nouvelle griffe du groupe Geely a pour but de "révolutionner
l'automobile et ses usages", rien de moins. Son premier modèle
sobrement dénommé 01 est ainsi présenté comme la voiture la plus connectée au
monde.
Une plateforme connecté ouverte:
Pour revendiquer ce titre, la Lynk & Co 01 met en avant
sonsystème d'infodivertissement à architecture ouverte. Ainsi, n'importe
quel développeur extérieur pourra proposer ses propres applications, qui seront
téléchargeables via une plateforme en ligne comparable à l'App Store d'Apple
réalisée en partenariat avec Microsoft et Ericsson. Présentée comme une
première mondiale, cette fonctionnalité n'a pourtant rien de nouveau : le
R-Link de Renault ou le InControl Connect de Jaguar-Land Rover fonctionnent
déjà sur ce principe. Quant au Sensus Connect de Volvo (qui pourrait fort bien
servir de base à celui de Lynk & Co), s'il n'est pas encore ouvert aux
développeurs extérieurs, il permet déjà le téléchargement d'applications. La
seule différence tient à ce que Lynk & Co le propose de série, alors qu'il
est optionnel chez les concurrents.
Rappelons toutefois que le développement de ces plateformes
en ligne se heurte à un problème difficilement surmontable. Les constructeurs
refusant de s'engager la plupart du temps sur un nombre minimal de
téléchargements, les développeurs hésitent à prendre le risque de mettre au
point une version spécifique de leurs produits, faute d'un nombre suffisant de
terminaux en circulation pour amortir leurs coûts. Voilà qui explique
aujourd'hui que ce type de systèmes demeure minoritaire, face aux GPS
connectés, doublés d'une compatibilité smartphone comme Android Auto ou Apple
Car Play.
Au final, la principale nouveauté de la Lynk & Co 01
consiste en son bouton "Partager", intégré au tableau de bord.
Celui-ci se veut un premier pas vers une révolution des usages que
Geely ne veut pas manquer. Enfoncer cette touche permet de signifier à la
communauté Lynk & Co que le véhicule n'est pas utilisé par son propriétaire
; que celui-ci le propose par conséquent en location autopartage.
Ainsi, toute personne ayant téléchargé l'application Lynk & Co pourra
recevoir une clé numérique sur son smartphone, lui livrant accès à l'auto après
paiement. Là encore, le recours à la technologie Volvo est d'une grande aide :
le constructeur suédois a en effet présenté cette fonctionnalité début 2016 au
Mobile World Congress de Barcelone. Ce système se rapproche de celui déjà mis
en place par le service d'autopartage Car2Go aux Etats-Unis.
Une technique signée Volvo:
Si les nouveautés connectées de la Lynk & Co 01 font
grandement appel au savoir-faire de Volvo, il en va de même pour la mécanique.
Conçue à Göteborg au sein du China Europe Vehicle Technology Center (CEVT), ce
nouveau SUV reprendra laplateforme CMA (Common Modular
Architecture) destinée aux compactes de groupe, sur laquelle reposent déjà les
concept-cars Volvo 40.1 et 40.2, annonçant les futures S40 et XC40.
Esprit de modernité oblige, la Lynk & Co 01 sera dans
un premier temps une hybride rechargeable. La propulsion 100 %
électrique devrait arriver ensuite. Là encore, c'est l'expérience de Volvo
en la matière qui entre en jeu. Le trois-cylindres essence turbocompressé sera
issu de la famille
Drive-E, accolé à une boîte à double embrayage et sept rapports qui
contient un moteur électrique. Une batterie au lithium est située dans le
tunnel de transmission.
Cette nouvelle marque entre donc dans la stratégie du
groupe, dénommée Blue Geely Initiative. Le constructeur entend dépasser les
exigences du gouvernement chinois qui préconise une moyenne de consommation de
5 l/100 km sur l'ensemble des ventes de chaque constructeur. Geely
espère à cet horizon vendre 90 % de modèles mus par des motorisations
alternatives: 65 % d'hybrides et 35 % d'électriques.
Vente directe comme Tesla:
C'est finalement en ce qui concerne le marketing que Lynk
& Co se distingue le plus. Comme Tesla, cette marque compte vendre ses
modèles en direct, en vue d'économiser la moitié des coûts de distribution,
qui représentent environ 25 % de la valeur d'une voiture. Dans cette optique,
Geely a d'ores et déjà ouvert sa page sur le portail internet Tictail. Cette
plateforme suédoise a pour but de recenser les marques émergentes dans tous les
domaines, depuis la mode jusqu'aux nouvelles technologies. Pour baisser les
prix, Lynk & Co compte également limiter au maximum la diversité au
moment de la commande, en offrant une seule et unique version richement
équipée. Voilà donc la principale différence avec la futur Volvo XC40, qui
continuera à proposer un choix d'options et de personnalisation en ligne avec
les attentes d'une clientèle haut-de-gamme.
Le lieu de fabrication de la Lynk & Co risque de rebuter
cette clientèle. La production devrait avoir lieu dans l'usine Geely de
Taizhou-Luqiao, qui délaissera dès l'an prochain la vieille citadine King
Kong pour se consacrer à la plateforme CMA, dont elle pourra débiter 100.000
unités chaque année. Car bien évidemment, la Lynk & Co 01 n'est qu'une
première étape vers un transfert de technologie qui touchera à terme le reste
de la gamme Geely, lui permettant de s'élever sans doute plus rapidement que
ses concurrents directs en tête desquels on trouve Great Wall et Chery. La
tentative de ce dernier de conquérir l'Europe avec Qoros a fait long feu.
Charge maintenant à Geely de démontrer sur la durée qu'il a trouvé la bonne
voie avec Lynk & Co.
Si la sauce prend, le choix du géant chinois pourrait même
s'avérer plus pertinent que celui fait par les Japonais vingt ans auparavant.
En cherchant l'affrontement direct avec les haut-de-gamme allemands, Lexus,
Infiniti et Acura conservent en effet toujours un déficit d'image dont Lynk
& Co pourrait s'affranchir grâce à sa spécificité. Entre Tesla low-cost et
alternative aux constructeurs traditionnels, cette marque devra par contre
appuyer ses ambitions par de réelles innovations techniques, au-delà d'un
simple discours commercial. La commercialisation débuter en Chine en 2017,
l'Europe et les Etats-unis suivront en 2018.
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