Link&Co, a new brand made by Volvo. 7902





Volvo lance sa voiture électrique connectée sous la marque Lynk & CO



Le rachat de Volvo Cars par Geely porte ses premiers fruits. En lançant sa marque Lynk & Co, le constructeur chinois s'appuie sur le savoir-faire du Suédois pour façonner ses voitures électriques et connectées.

Lynk & Co, marque du groupe Geely, entend révolutionner l'automobile avec son SUV connecté.
LYNN & CO

Les Volvo sont-elles suédoises ou bien chinoises ? Depuis le rachat par Geely, la question se pose. Dans le cas des modèles estampillés Volvo, la réponse ne fait pourtant aucun doute. Malgré les capitaux chinois qui ont permis le développement d'une gamme inédite, les XC90, S90 et V90 sont toujours conçues et fabriquées en Suède, par des Suédois. A l'image de l'indien Tata pour Jaguar-Land Rover, libéré de la tutelle de Ford presque en même temps que Volvo, les Chinois se sont bien gardés de briser le savoir-faire qui émanait des bureaux d'ingénierie européens.

En effet, Volvo est un véritable vivier d'idées pour Geely. La renommée du constructeur suédois sur les aides à la conduite et la sécurité n'est plus à prouver. Si les transferts de technologie n'ont pas encore été déployés, les modèles vendus en Chine ont déjà vu leur qualité clairement progresser. Et les derniers modèles que sont les Geely Emgrand GS et GL seront parmi les ultimes à reposer sur la plateforme FE conçue en Chine. Bientôt, une seule architecture dénommée CMA servira de base aux modèles compacts, que ce soit sur les chaînes chinoises ou suédoises.

Le lancement de la marque Lynk & Co constitue le véritable premier pas concernant le transfert de technologie entre Volvo et son propriétaire chinois. Dévoilée en grande pompe lors d'un événement à Berlin, cette nouvelle griffe du groupe Geely a pour but de "révolutionner l'automobile et ses usages", rien de moins. Son premier modèle sobrement dénommé 01 est ainsi présenté comme la voiture la plus connectée au monde.


Une plateforme connecté ouverte:


Pour revendiquer ce titre, la Lynk & Co 01 met en avant sonsystème d'infodivertissement à architecture ouverte. Ainsi, n'importe quel développeur extérieur pourra proposer ses propres applications, qui seront téléchargeables via une plateforme en ligne comparable à l'App Store d'Apple réalisée en partenariat avec Microsoft et Ericsson. Présentée comme une première mondiale, cette fonctionnalité n'a pourtant rien de nouveau : le R-Link de Renault ou le InControl Connect de Jaguar-Land Rover fonctionnent déjà sur ce principe. Quant au Sensus Connect de Volvo (qui pourrait fort bien servir de base à celui de Lynk & Co), s'il n'est pas encore ouvert aux développeurs extérieurs, il permet déjà le téléchargement d'applications. La seule différence tient à ce que Lynk & Co le propose de série, alors qu'il est optionnel chez les concurrents.

Rappelons toutefois que le développement de ces plateformes en ligne se heurte à un problème difficilement surmontable. Les constructeurs refusant de s'engager la plupart du temps sur un nombre minimal de téléchargements, les développeurs hésitent à prendre le risque de mettre au point une version spécifique de leurs produits, faute d'un nombre suffisant de terminaux en circulation pour amortir leurs coûts. Voilà qui explique aujourd'hui que ce type de systèmes demeure minoritaire, face aux GPS connectés, doublés d'une compatibilité smartphone comme Android Auto ou Apple Car Play.

Au final, la principale nouveauté de la Lynk & Co 01 consiste en son bouton "Partager", intégré au tableau de bord. Celui-ci se veut un premier pas vers une révolution des usages que Geely ne veut pas manquer. Enfoncer cette touche permet de signifier à la communauté Lynk & Co que le véhicule n'est pas utilisé par son propriétaire ; que celui-ci le propose par conséquent en location autopartage. Ainsi, toute personne ayant téléchargé l'application Lynk & Co pourra recevoir une clé numérique sur son smartphone, lui livrant accès à l'auto après paiement. Là encore, le recours à la technologie Volvo est d'une grande aide : le constructeur suédois a en effet présenté cette fonctionnalité début 2016 au Mobile World Congress de Barcelone. Ce système se rapproche de celui déjà mis en place par le service d'autopartage Car2Go aux Etats-Unis.


Une technique signée Volvo:


Si les nouveautés connectées de la Lynk & Co 01 font grandement appel au savoir-faire de Volvo, il en va de même pour la mécanique. Conçue à Göteborg au sein du China Europe Vehicle Technology Center (CEVT), ce nouveau SUV reprendra laplateforme CMA (Common Modular Architecture) destinée aux compactes de groupe, sur laquelle reposent déjà les concept-cars Volvo 40.1 et 40.2, annonçant les futures S40 et XC40.

Esprit de modernité oblige, la Lynk & Co 01 sera dans un premier temps une hybride rechargeable. La propulsion 100 % électrique devrait arriver ensuite. Là encore, c'est l'expérience de Volvo en la matière qui entre en jeu. Le trois-cylindres essence turbocompressé sera issu de la famille Drive-E, accolé à une boîte à double embrayage et sept rapports qui contient un moteur électrique. Une batterie au lithium est située dans le tunnel de transmission.

Cette nouvelle marque entre donc dans la stratégie du groupe, dénommée Blue Geely Initiative. Le constructeur entend dépasser les exigences du gouvernement chinois qui préconise une moyenne de consommation de 5 l/100 km sur l'ensemble des ventes de chaque constructeur. Geely espère à cet horizon vendre 90 % de modèles mus par des motorisations alternatives: 65 % d'hybrides et 35 % d'électriques.


Vente directe comme Tesla:


C'est finalement en ce qui concerne le marketing que Lynk & Co se distingue le plus. Comme Tesla, cette marque compte vendre ses modèles en direct, en vue d'économiser la moitié des coûts de distribution, qui représentent environ 25 % de la valeur d'une voiture. Dans cette optique, Geely a d'ores et déjà ouvert sa page sur le portail internet Tictail. Cette plateforme suédoise a pour but de recenser les marques émergentes dans tous les domaines, depuis la mode jusqu'aux nouvelles technologies. Pour baisser les prix, Lynk & Co compte également limiter au maximum la diversité au moment de la commande, en offrant une seule et unique version richement équipée. Voilà donc la principale différence avec la futur Volvo XC40, qui continuera à proposer un choix d'options et de personnalisation en ligne avec les attentes d'une clientèle haut-de-gamme.

Le lieu de fabrication de la Lynk & Co risque de rebuter cette clientèle. La production devrait avoir lieu dans l'usine Geely de Taizhou-Luqiao, qui délaissera dès l'an prochain la vieille citadine King Kong pour se consacrer à la plateforme CMA, dont elle pourra débiter 100.000 unités chaque année. Car bien évidemment, la Lynk & Co 01 n'est qu'une première étape vers un transfert de technologie qui touchera à terme le reste de la gamme Geely, lui permettant de s'élever sans doute plus rapidement que ses concurrents directs en tête desquels on trouve Great Wall et Chery. La tentative de ce dernier de conquérir l'Europe avec Qoros a fait long feu. Charge maintenant à Geely de démontrer sur la durée qu'il a trouvé la bonne voie avec Lynk & Co.
Si la sauce prend, le choix du géant chinois pourrait même s'avérer plus pertinent que celui fait par les Japonais vingt ans auparavant. En cherchant l'affrontement direct avec les haut-de-gamme allemands, Lexus, Infiniti et Acura conservent en effet toujours un déficit d'image dont Lynk & Co pourrait s'affranchir grâce à sa spécificité. Entre Tesla low-cost et alternative aux constructeurs traditionnels, cette marque devra par contre appuyer ses ambitions par de réelles innovations techniques, au-delà d'un simple discours commercial. La commercialisation débuter en Chine en 2017, l'Europe et les Etats-unis suivront en 2018.



Articles de Nicolas Meunier journaliste à Challenges.fr.




























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