Le constructeur suédois poursuit une offensive musclée dans le domaine de l’électrification avec son C40, engin inattendu, mais pile dans l’air du temps.
Toujours plus premium, toujours plus électrique. Tel semble
être le mot d’ordre pour Volvo dans sa
stratégie de conquête. Au milieu d’une transition électrique qui pose
des problèmes structurels voire existentiels à bon nombre de
constructeurs, le suédois
surfe sur les tendances et commence à marquer des points de plus
en plus décisifs, notamment sur les segments de croissance les plus dynamiques.
Volvo, filiale du géant chinois Geely, signe d’ailleurs des
performances commerciales inédites, avec des ventes mondiales en hausse de 5,6%
à quasiment 700.000 véhicules, sur une année 2021 pourtant extrêmement
difficile. Mieux, le constructeur signe même des records de part de marché dans
certains pays, notamment la France. Il y dépasse désormais son record d’1%
réalisé en 1985.
Surfer sur la bonne vague… au bon moment
La recette du succès de Volvo, pourtant connu il y a encore
une dizaine d’années davantage pour ses gros breaks et berlines robustes, c’est
d’avoir lancé simultanément la réorientation de sa
gamme vers les SUV, tout en lançant très tôt le chantier de
l’électrification, pour s’arroger une image de marque très
"Eco-Friendly" avant tout le monde. Une feuille de route qui relève
de l’oxymore, mais qui s’avère payante, preuves à l’appui. A noter que les
modèles électrifiés (le
Best-Seller XC40 en tête) constituent désormais 63% de l’offre
commerciale de Volvo, une des meilleures moyennes du secteur auto, qui rend sur
le papier tout à fait réalisable l’objectif ultime de la marque, passer au 100%
électrique dès 2030.
Mais pour cela, les constructeurs premium doivent aussi
saisir au bon moment les tendances et les envies du consommateur, quitte à
investir dans des segments de niche. Et si l’on fait la moyenne des véhicules
les plus inscrits dans les dynamiques du moment, on a tôt fait d’en dessiner le
portrait-robot. Un SUV, le plus électrifié possible, performant et si possible…
coupé. En témoigne le succès des "Q" Sportback chez
Audi, des coupés de la gamme "G" chez Mercedes, des X4 et X6 chez BMW… Et
même dans les segments inférieurs, l’appétit inattendu des
fidèles de Renault pour l’Arkana, qui à l’originene devait pas être
commercialisé pour le marché français.
Un SUV Coupé "Eco-Friendly"
Volvo propose donc son C40 Recharge, version coupé et
légèrement abaissé de son SUV XC40. Basé sur la même plate-forme, le C40 se
présente en fait comme une berline moyenne à hayon campée sur de grandes roues
de 19 pouces au joli design futuriste (version Twin First Edition essayée).
D’un physique massif et robuste, son hayon profilé avec becquet profilé lui
aussi lui donne un aspect pourtant un peu plus aérien que son frère XC40.
L’intérieur, très similaire à ceux du SUV classique, est
marqué par une grande sobriété et un design soigné, avec la touche Eco-Friendly
totalement Volvo. La plupart des plastiques intérieurs (mousse de sièges,
éléments d’insonorisation, moquette intérieure et certains éléments d’habitacle)
sont issus du recyclage, et les jolis sièges aux appuie-tête si particuliers
sont recouvert de cuir et d’alcantara garantis vegan. Et le tout avec un
sentiment hautement premium, plus classique que ce qu’on peut trouver chez
Tesla par exemple.
Le point fort: les accélérations grisantes
Place aux sensations de conduite. Nous avions testé il y a
quelques mois le
Volvo XC40 en version hybride rechargeable, et avions eu la surprise de
découvrir un engin très dynamique et rapide. Et autant dire que le C40 Recharge
est bourré de surprises également à ce niveau.
Grâce à ses deux moteurs électriques d’une puissance cumulée
de 408 chevaux, sa transmission intégrale, son couple très élevé de 660Nm et
une batterie d’une capacité utile de 75kWh, l’engin vous colle à votre siège
avec des accélérations ébouriffantes. Avec 4,7 secondes de 0 à 100 km/h, il
démarre quasiment aussi fort qu’une Porsche Boxster GTS. Une sacrée surprise
pour une auto de 2,2 tonnes, davantage destinée à un usage urbain et familial…
Même en conduite coulée, le C40 est loin d’engendrer
l’ennui, alliant ce qu’il faut de sensations, de souplesse et de dynamisme pour
conduire et manœuvrer tranquillement en ville et sur petite route, sans pour
autant multiplier les modes de conduite à choisir, souvent fastidieux. Seule la
possibilité de "conduite à une pédale" est disponible. Elle permet
d’accélérer et de freiner avec la seule pédale d’accélérateur, et se révèle
d’une grande efficacité, notamment pour soigner votre éco-conduite et maximiser
la récupération d’énergie, même si son intensité demande un petit temps
d’adaptation.
Technologie de haut niveau
Autre point fort voire très fort de ce C40, les capacités de
conduite autonome. Réglez votre régulateur de vitesse, lâchez le volant… et
Volvo s’occupe de tout. Par petites séquences de 15 secondes, le C40 conduit
tout seul en lisant la route, freine, accélère, s’adapte, le tout avec une
souplesse et une simplicité d’usage assez étonnante, peut-être même supérieures
à ce qu’on peut retrouver en la matière chez DS, Mercedes ou encore
Tesla qui constituent pourtant une référence en la matière.
WLTP. © Antoine Larigaudrie
Du point de vue de l’autonomie électrique et des capacités
de recharge, le C40 est parmi les engins les plus perforants du marché, tant la
technologie 100% électrique est maîtrisée de la part de Volvo. En conduite
tranquille et urbaine, les 441 kilomètres revendiqués en normes WLTP semblent
tout à fait plausibles au vu des moyennes constatées pendant l’essai (autour
des 20kWh/100 kilomètres). Emprunter souvent les voies rapides réduira la
distance autour des 350-400 kilomètres.
Et si vous aimez bien éprouver les grisantes accélérations
maximales du C40, là vous risquez de la faire tomber drastiquement. Les temps
de recharge constatés sont corrects pour la catégorie, d’une quarantaine de
minutes sur un chargeur hautes performances à 150kW maximum, à un peu plus
d’une trentaine d’heures sur prise de courant domestique.
On aime moins… Un hayon problématique
Ce C40, étonnant et au capital sympathie indéniable, n’en
est pas dénué de défauts pour autant. Déjà cette structure, pourtant très
populaire, de SUV coupé réduit sensiblement le volume utile du coffre (il passe
de 452 litres sur le XC40 à 413), avec une visibilité arrière dramatiquement
faible. Certes, les multiples caméras périphériques vous permettront de savoir
avec précision où vous êtes pour manœuvrer en toute sécurité quelques soient
les circonstances, mais la lunette arrière est réduite à une mince meurtrière,
il faut s’y habituer. C’est le prix à payer pour ce design que tout le monde
s’arrache…
L’habitabilité arrière, très généreuse, est pourtant gênée
par le tunnel de transmission, qui rend la place arrière centrale difficilement
praticable.
Enfin, malgré un dynamisme certain et des accélérations hors
normes, pas question de parler là d’un engin véritablement sportif, tant
l’amortissement (très réussi par ailleurs) typé confort interdit tout virage
trop rapide et toute conduite aiguisée, sous peine de subir un effet roulis
assez marqué.
Notre modèle d'essai est facturé à 62.250 euros.
Mais à quel prix? Le haut de gamme dans le viseur
Proposé à partir de 60.150 euros prix de base (62.250 euros
pour le modèle essayé), ce Volvo C40 Recharge Twin First Edition est bien
entendu très cher, mais vise les premières places d’un secteur où il n’a pour
le moment pas beaucoup de concurrence, mais ça n’aura qu’un temps. Car les
principaux rivaux de ce SUV coupé haute performance sont bien entendu les
Mercedes EQA, Audi Q4 E-Tron et surtout…
Le Tesla Model Y,
que tous les observateurs prédisent comme un best-seller, et qui débute sa
carrière commerciale en Europe. L’offensive de Volvo est donc préventive avec
ce C40 Recharge Twin, destiné à contrecarrer la déferlante Telsa Y, en offrant
un engin au physique comparable, à un tarif équivalent, aux performances
largement à la hauteur, et avec pour lui le fait de répondre à une clientèle
plus habituée aux automobiles classiques, et avec une identité
"Eco-Friendly" très intéressante.
Maintenant, à l’usage, on en vient à se demander si la vraie
dynamique commerciale dans le domaine des SUV urbains électriques est du côté
du haut de gamme très performant, ou plutôt du côté des engins moins goinfres
en énergie. Mais là encore, Volvo a la parade et va commencer prochainement la
commercialisation d’un C40 (ainsi que d’un SUV classique XC40) à un seul moteur
et simple traction avant, moins puissant, quasiment aussi autonome, un peu plus
abordable (46.800 euros prix de base)… et donc logiquement éligible aux bonus
gouvernementaux.
En tous les cas, Volvo avec ce C40 Recharge se pose en
véritable challenger de poids dans la bataille de l’électrique haut de gamme,
avec des arguments technique, esthétiques et marketing qui font mouche. De quoi
sans doute accroître encore sa part de marché record en France cette année,
grâce à ce segment de croissance dynamique et porteur.
Source : Antoine Larigaudrie pour Bfmtv.
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